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Confession de Foy
Discipline Ecclésiastique

 

Vorwort

Dies französische Bekenntnis mitsamt der davon unabtrennbaren Kirchenordnung (Discipline) stellt das erste reformatorische Bekenntnis einer volksumfassenden, unter dem Kreuz bekennenden großen Landeskirche dar; es ist in beiden Stücken, Confession und Discipline, der reinste Ausdruck calvinischer Schrifterkenntnis und hat mit beidem entscheidend auf die Gestaltung sowohl der Lehre wie der Kirchenordnung in den reformierten Kirchen Schottlands, der englischen Presbyterianer, Niederlands sowie Westdeutschlands eingewirkt. In Deutschland wurde das Bekenntnis 1568 zu Wesel und 1571 zu Emden (s.u. § 2 der Synodalakten) ausdrücklich anerkannt, die Kirchenordnung von beiden Synoden fast in allen Einzelheiten übernommen, ebenso von Olevian 1586 alle Hauptgedanken bei der Einrichtung der reformierten Kirche in den Grafschaften der Wetterau (vgl. u. die Emdener u. die Herborner Synodalakten).

Das Verhältnis von Confession und Discipline ist dies, daß erstere die unveränderliche Lehre des Evangeliums feststellt, die in den gemäß der Discipline geordneten Kirchen hochzuhalten und durchzuführen ist. Die Confession ist daher niemals geändert, sondern nur durch zusätzliche Erklärungen französischer Nationalsynoden maßgebend ausgelegt worden. Die Disicipline hat im Laufe der Zeit eine erhebliche Erweiterung erfahren; ihre heute in Deutschland kirchenrechtlich geltende Form ist durch die letzte ältere französische Nationalsynode zu Loudon 1660 (kurz vor Beginn der Verfolgung unter Ludwig XIV.) festgelegt und von d’Huisseau 1666 herausgegeben worden (bekannteste Ausgabe: Haag 1710). Diese erweiterte Discipline, die vor allem für die Hugenottengemeinden Deutschlands Bedeutung hat, ist vollständig in Französisch und Deutsch samt der von der Synode zu Tonnains 1614 revidierten Ausgabe der Confession abgedruckt in der Urkundlichen Denkschrift „Das Recht der französisch-reformierten Kirche in Preußen” von Dr. Ernst Mengin (Berlin 1929, Selbstverlag des Konsistoriums der Französischen Kirche).

Mit Rücksicht auf den besonderen Zweck ist hier sowohl für Confession wie Discipline der Wortlaut von 1559 geboten worden1. Eine zuverlässige


1 Ein im Jahre 1559 erschienener Druck bietet den Stoff der Confession mit mancherlei Abweichungen in 35 Artikeln dar (CR Calv. opp. 9, 739-52). Dieser nicht zur Anerkennung gelangte Text gilt als der Entwurf zu dem Bekenntnis, den Calvin an die in Paris tagende Synode gelangen ließ (ebd. 17, 525. 540), und enthält in sich zum großen Teil ein nicht datiertes, „Au Roy” betiteltes Bekenntnis (ebd. 9, 715-720) und die in 1559 in Genf eingeführte Confession des Escholiers (ebd. 721-29). An Stelle der Artikel 1-5 hat diese Form des Bekenntnisses folgenden auch in der Sache abweichenden Text:
Pource que le fondement de croire, comme dit S. Paul, est par la Parole de Dieu (Ro. 10. c. 17), nous croyons que le Dieu vivant s’est manifesté en sa Loy, et par ses Prophetes, et finalement en l’Evangile (Heb. 1. a.c.), et y a rendu tesmoignage de sa volonté autant qu’il est expedient pour le salut des hommes. Ainsi nous tenons les livres de la saincte Escriture du vieil et nouveau testament, comme la somme de la seule verité infaillible procedee de Dieu, à laquelle il n’est licite de contredire. Mesmes pource que là est contenue la reigle parfaite de toute sagesse, nous croyons qu’il n’est licite d’y rien adiouster ne diminuer (Deu. 4. a. 2; 12. d. 32; Prove. 30. a. 6), mais qu’il faut, acquiescer en tout et par tout. Or comme ceste doctrine ne prend son autorité des hommes ne des Anges (Gal. 1. b. 8), mais de Dieu seul, aussi nous croyons (d’autant que c’est chose surmontant tous sens |66| humains, de discerner que c’est Dieu qui parle) que luy seul donne la certitude d’icelle à ses esleus, et la seelle en leurs coeurs par son Esprit.
2. Estans ainsi fondez, nous croyons en un seul Dieu, eternel, d’une essence spirituelle, infinie, incomprehensible et simple: …

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Ausgabe der Confession ohne Discipline bietet Müller S. 221 ff., wobei das in Genf befindliche Original, wie es die Nationalsynode von La Rochelle 1571 feststellte, zugrunde gelegt ist. Wir bringen Confession und Discipline buchstabengetreu bis auf offensichtliche Druckfehler gemäß der Wiedergabe in der „Histoire Ecclesiastique des Eglises Reformees au Royaume de France”, Anvers 1580. Nur wurden „u” und „v” entsprechend ihrem Lautwert eingesetzt. Die in der Vorlage am Rande abgedruckten Bibelstellen sind in Klammern in den Text selber eingefügt worden. Die wenigen, in der Sache völlig unerheblichen Abweichungen von dem Müllerschen Text sind ausnahmslos angemerkt.

Andere Textausgaben der Confession: E.F. Karl Müller: Die Bekenntnisschriften der reformierten Kirche, S. 221-32. — La Catéchisme de Jean Calvin suivi de La Confession de La Rochelle …; Paris (1934), S. 141-75. — Lateinische Übersetzung (gruppenweise auseinandergezogen) in: Salnars Harmonia confessionum fidei. — Literatur: G. Bonet Maury: Französisches Glaubensbekenntnis (in: RE3 VI 230-34).

 

Dr. Wilhelm Boudriot

 

CONFESSION DE FOY

Article 1

Nous croyons et confessons qu’il y a un seul Dieu (Deut. 4, 35), qui est une seule et simple essence, spirituelle (Gen. 1, 2), eternelle (Exod. 3, 15. 16), invisible (Rom. 1, 20), immuable (Mal. 3, 6), infinie, incomprehensible (Rom. 11, 33), ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage (Jer. 10, 7; Rom. 16, 27), toute bonne (Mat. 19, 17), toute iuste (Jer. 12), et toute misericordieuse (Exo. 34, 6).

2. Ce Dieu se manifeste tel aux hommes, premierement par ses oeuvres (Rom. 1, 191), tant par la creation que par la conservation et conduite d’icelles. Secondement et plus2 clairement par sa parole (Hebr. 1a3), laquelle au commencement revelee par oracle4 (Gen. 15, 1), a esté puis apres redigee par escrit és livres (Exod. 245) que nous appelons Escriture saincte (Rom. 16).

3. Toute ceste Escriture saincte est comprise és livres canoniques du viel et nouveau Testament, desquels le nombre s’ensuit. Les cinq livres de Moyse, savoir est, Genese, Exode, Levitique, Nombres, Deuteronome. Item Iosué, Ruth, le premier et second livre de Samuel, le premier et second livre des Rois, premier et second livre des Chroniques, autrement dit Paralipomenon, le premier livre d’Esdras. Item Nehemie, le livre d’Ester, Iob, Pseaumes de David, Proverbes ou Sentences de Salomon, le livre de l’Ecclesiaste dit Prescheur, Cantique de Salomon: item le livre d’Esaie, Ieremie, Lamentations de Ieremie, Ezechiel, Daniel, Osee, Ioel, Amos, Abdias, Ionas, Michee, Nahum, Abacuc, Sophonie, Aggee, Zacharie, Malachie: item le S.


1 Rom. 1, 19 f.
2 > Müller.
3 Hebr. 1, 1 f.
4 Müller: oracles.
5 Ex. 24, 4. 7.
6 Rom. 1, 2.

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Evangile selon sainct Matthieu, selon sainct Marc, selon S. Luc et selon sainct Iean: item, le second livre sainct Luc, autrement dit les actes des Apostres: item les Epistres de sainct Paul, aux Romains une, aux Corinthien deux, aux Galates une, aux Ephesiens une, aux Philippiens une, aux Colossiens une, aux Thessaloniciens deux, à Thimothee deux, à Tite une, à Philemon une: item l’Epistre aux Hebrieux, l’Epistre sainct Iaques, la premiere et seconde Epistre sainct Pierre, la premiere, deuxieme et troisieme Epistre sainct Iean, l’Epistre sainct Iude: item l’Apocalypse ou revelation sainct Iean.

4. Nous cognoissons ces livres estre Canoniques, et la reigle trescertaine de nostre foy (Pseau. 19, 8 et 9): non tant par le commun accord et consentement de l’Eglise, que par le tesmoignage et persuasion interieure1 du sainct Esprit, qui les nous fait discerner d’avec les autres livres Ecclesiastiques, sur lesquels, encores qu’ils soyent utiles, on ne peut fonder aucun article de foy.

5. Nous croyons que la parole qui est contenue en ces livres, est procedee de Dieu (2. Tim. 3, 16; Jean 3, 31), duquel seul elle2 prend son authorithé, et non des hommes. Et d’autant qu’elle est regle de toute verité, contenant tout ce qui est necessaire pour le service de Dieu et nostre salut (Jean 15, 11), il n’est loisible aux hommes, ne mesmes aux Anges d’y adiouster, diminuer ou changer. Dont il s’ensuit, que ne l’antiquité, ni les coustumes, ni la multitude, ni la sagesse humaine, ni les iugemens, ni les arrests, ni les edicts, ni les decrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne doivent estre opposés à icelle Escriture saincte: ains au contraire toutes choses doivent estre examinees et reiglees et reformees selon icelle (Deute. 12, 32; Mat. 15, 9; Act. 5, 28 et 29; 1. Cor. 12). Et suyvant cela nous advouons les trois Symboles, à savoir des Apostres, de Nice et d’Athenase, pource qu’ils sont conformes à la parole de Dieu.

6. Ceste Escriture saincte nous enseigne qu’en ceste seule et simple essence divine (Deu. 4, 12) que nous avons confessee, il y a trois personnes, le Pere, le Fils et le sainct Esprit (Mat. 28, 19). Le Pere premiere cause, principe et origine de toutes choses (Jean 53). Le Fils, sa parole et sapience eternelle (Jean 1, 1, et 17, 5). Le sainct Esprit, sa vertu, puissance et efficace (Act. 17, 25): le Fils eternellement engendré du Pere: le sainct Esprit procedant eternellement de tous deux: les trois personnes non confuses, mais distinctes, et toutesfois non devisees,4 mais d’une mesme essence, eternité, puissance et equalité.5 Et en cela advouons ce qui a esté determiné par les Conciles anciens, et detestons toutes sectes et heresies, qui ont esté reiettees par les saincts Docteurs, comme sainct Hilaire, sainct Athanase, sainct Ambroise, sainct Cyrille.

7. Nous croyons que Dieu en trois personnes cooperantes par sa vertu, sagesse et bonté incomprehensible a creé toutes choses (Gene. 1, 1; Jean. 1, 3), non seulement le ciel, la terre, et tout ce qui y est contenu mais aussi les esprits invisibles, desquels le uns sont descheus et trebuschés en perdition (2. Pier. 2, 4), les autres ont persisté en obeissance (Pse. 103, 20. 21). Que les premiers s’estans corrumpus en


1 Müller: interieure persuasion.
2 Müller: elle seule.
3 Jean 5, 17. 19.
4 Müller: divisees.
5 Müller: egualité.

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malice, sont ennemis de tout bien (Jean 8, 44), par consequent de toute l’Eglise. Les seconds ayans esté preservés par la grace de Dieu sont les ministres pour glorifier le nom de Dieu, et servir au salut de ses esleus (Hebr. 1, 14).

8. Nous croyons que non seulement il a creé toutes choses (Pse. 104; Pro. 16, 4), mais qu’il les gouverne et conduit, disposant et ordonnant selon sa volonté de tout ce qui advient au monde, non pas qu’il soit autheur du mal (1. Jean 2, 161) ou que la coulpe luy en puisse estre imputee (Pse. 5, 5 et Iob 1, 22), veu que sa volonté est la reigle souveraine et infallible de toute droiture et equité: mais il a des moyens admirables de s servir tellement des diables et des meschans qu’il sait convertir en bien le mal qu’ils font, et duquel ils sont coulpables (Act. 2, 23. 24. 27). Et ainsi en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons en humilité les secrets qui nous sont cachés, sans nous enquerir par dessus nostre mesure (Rom. 9, 19 et 20 et 11, 33): mais plustost appliquons à nostre usage ce qui nous est monstré en l’Escriture saincte, pour estre en repos et seureté, d’autant que Dieu, qui a toutes choses suiettes à soy, veille sur nous d’un soin paternel, tellement qu’il ne tombera point un cheveu de nostre teste sans son vouloir (Mat. 10, 30; Luc. 21, 18): et cependant tient les diables, et tous nos ennemis bridés (Iob. 1. c2; Gen. 3, 15): en sorte qu’ils ne nous peuvent faire aucune nuisance sans son congé.

9. Nous croyons que l’homme ayant esté creé pur et entier, et conforme à l’image de Dieu (Gen. 1, 26; Eccle. 7, 30), est par sa propre faute decheut de la grace qu’il avoit receue (Rom. 5, 12). Et ainsi s’est aliené de Dieu, qui est la fontaine de iustice, et de tous biens: en sorte que sa nature est du tout corrompue: et estant aveugle en son esprit, et depravé en son coeur, a perdu toute integrité sans en avoir rien de residu (Gen. 6, 5). Et combien qu’il y ait encores quelque discretion de bien et mal, nonobstant nous disons, que ce qu’il a de clarté se convertit en tenebres, quand il est question de chercher Dieu, tellement qu’il n’en peut nullement approcher par son intelligence et raison (Rom. 1, 22 et 2, 18. 19; 1. Cor. 2, 14). Et combien qu’il ait volonté, par laquelle il est incité à faire ceci ou cela, toutesfois elle est du tout captive sous peché en sorte qu’il n’a nulle liberté à bien, que celle que Dieu luy donne.

10. Nous croyons que toute la lignee d’Adam est infecte3 de telle contagion, qui est le peché originel, et un vice hereditaire (Jean 1, 4. 5; 8, 36; Rom. 8, 6. 7; Gen. 8, 21; Rom. 5, 12; Iob. 14, 4), et non pas seulement une imitation, comme les Pelagiens ont voulu dire: lesquels nous detestons en leurs erreurs. Et n’estimons pas qu’il soit besoin de s’enquerir comme le peché vient d’un homme à l’autre, veu que c’est bien assez, que ce que Dieu luy avoit donné n’estoit pas pour luy seul, mais pour toute sa lignee: et ainsi qu’en la personne d’iceluy nous avons esté desnués de tous biens, et sommes trebuschés en toute pauvreté et malediction.

11. Nous croyons aussi que ce vice est vrayement peché, qui suffit à condamner tout le genre humain, iusqu’aux petis enfans, dès le


1 Im Orig.: Jean 2, 16.
2 Iob 1, 12.
3 Müller: infectee.

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ventre de la mere (Pse. 51, 7; Rom.1 3, 9. 10. 11. 12 et 5, 12), et que pour tel il est reputé devant Dieu, mesmes qu’apres le Baptesme c’est tousiours peché quant à la coulpe, combien que la condamnation en soit abolie és2 enfans de Dieu, ne la leur imputant point pour sa bonté gratuite (Rom. 73). Outre cela que c’est une perversité produisant tousiours fruicts de malice et rebellion, tels que les plus saincts, encores qu’ils y resistent, ne laissent point d’estre entachés d’infirmités et de fautes, pendant qu’ils habitent en ce monde (Rom. 7, 7; Rom. 7, 18, 19).

12. Nous croyons que de ceste corruption et condamnation generale, en laquelle tous hommes sont plongés, Dieu retire ceux lesquels en son conseil eternel et immuable il a esleus par sa seule bonté et misericorde en nostre Seigneur Jesus Christ, sans consideration de leurs oeuvres, laissant les autres en icelle mesme corruption et condamnation, pour demonstrer en eux sa iustice (Exo. 9, 16; Ro. 9, 22), comme és premiers il fait luire les richesses de sa misericorde (Rom. 3, 22 et 9, 23). Car les uns ne sont pas meilleurs que les autres (Iere. 10, 23), iusques à ce que Dieu les discerne selon son conseil immuable qu’il a determiné en Jesus Christ devant la creation du monde (Ephes. 1, 4. 5), et nul aussi ne se pourroit introduire à un tel bien de sa propre vertu, veu que de nature nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement ni affection ne pensee, iusques à ce que Dieu nous ait prevenus4, et nous y ait disposés.

13. Nous croyons qu’en iceluy Jesus Christ, tout ce qui estoit requis à nostre salut nous a esté offert et communiqué. Lequel nous estant donné à salut, nous a esté quant et quant fait sapience, iustice, sanctification et redemption (1. Cor. 1, 30), en sorte qu’en declinant de luy on renonce à la misericorde du Pere, où il nous convient avoir nostre refuge unique.

14. Nous croyons que Jesus Christ estant la sagesse de Dieu, et son fils eternel (Iean 1, 14), a vestu nostre chair, afin d’estre Dieu et homme en une personne, voire, semblable à nous (He. 2, 17), passible en corps et en ame, sinon entant qu’il a esté pur de toute macule. Et quant à son humanité, qu’il a esté vraye semence d’Abraham, et de David (Act. 13, 23), combien qu’il ait esté conceu par la vertu secrete du sainct Esprit (Ma. 1, 18). En quoy nous detestons toutes les heresies qui ont anciennement troublé les Eglises: et notamment aussi les imaginations diaboliques de Servet, lequel attribue au Seigneur Jesus une divinité fantastique, d’autant qu’il le dit estre idee et patron de toutes choses, et le nomme Fils personnel, ou figuratif de Dieu, et finalement luy forge un corps de trois elemens increés, et par ainsi mesle et destruit toutes les deux natures.5

15. Nous croyons qu’en une mesme personne, à savoir Jesus Christ, les deux natures sont vrayement et inseparablement coniointes et unies (Matt. 1; Luc. 1), demeurant neantmoins chacune nature en sa distincte proprieté (Jean 1, 14; 1. Tim. 2, 5), tellement que comme en


1 Orig. 18.
2 Müller: aux.
3 Vgl. Rom. 7, 4-6.
4 Müller: prevenu.
5 Vgl. Calvins Auseinandersetzung mit Servets Christologie, Institutio II 14, 5 ff., Opera selecta III 464, 6 ff.

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ceste conionction, la nature divine tenant1 sa proprieté, est demeuree increé, infinie et remplissant toutes choses, aussi la nature humaine est demeuree finie, ayant sa forme, mesure, et proprieté (Luc. 24, 38. 39), et mesme combien que Jesus Christ en ressuscitant ait donné immortalité à son corps (Rom. 1, 4; Phil. 3, 212), toutesfois il ne luy a osté la verité de sa nature. Et ainsi nous le considerons tellement en sa divinité, que nous ne le despouillons point de son humanité.

16. Nous croyons que Dieu envoyant son Fils, a voulu monstrer son amour et bonté inestimable envers nous, en le livrant à la mort (Jean 3, 16; et 15, 13), et le resuscitant pour accomplir toute iustice, et pour nous acquerir la vie celeste (2. Cor. 1, 93).

17. Nous croyons que par le sacrifice unique que le Seigneur Jesus a offert en la croix (Heb. 5, 7. 8. 9; 1. Pier 2, 24; Heb. 9, 14), nous sommes reconciliés à Dieu pour estre tenus et reputés iustes devant luy, pource que nous ne luy pouvons estre agreables, ni estre participans de son adoption, sinon d’autant, qu’il nous pardonne nos fautes, et les ensevelit. Ainsi nous protestons que Jesus Christ est nostre lavement entier et parfaict: qu’en sa mort nous avons entiere satisfaction, pour nous acquiter de nos forfaits et iniquités dont nous sommes coulpables, et ne pouvons estre delivrés que par ce remede.

18. Nous croyons que toute nostre iustice est fondee en la remission de nos pechés, comme aussi c’est nostre seule felicité, comme dit David (Ps. 32, 1). Parquoy nous reiettons tous autres moyens de nous pouvoir iustifier devant Dieu: et sans presumer de nulles vertus ne merites, nous-nous tenons simplement à l’obeissance de Jesus Christ, laquelle nous est allouvee,4 tant pour couvrir toutes nos fautes, que pour nous faire trouver faveur5 devant Dieu (Jean 17, 23; 1. Tim. 2, 5; 1. Jean 2, 1. 2; Rom. 1, 16). Et de fait nous croyons qu’en declinant de ce fondement tant peu que ce soit, nous ne pourrions trouver ailleurs aucune repos (Act. 4, 12): mais serions tousiours agités d’inquietude: d’autant que iamais nous ne sommes paisibles avec Dieu, iusques à ce que nous soyons bien resolus d’estre aimés en Jesus Christ: veu que nous sommes dignes d’estre haïs en nous-mesmes.

19. Nous croyons que c’est par ce moyen que nous avons liberté et privilege d’invoquer Dieu avec pleine fiance qu’il se monstrera nostre Pere (Rom. 56 et 8, 15). Car nous n’aurions pas aucun accés au Pere, si nous n’estions adressés par ce Mediateur. Et pour estre exaucés en son Nom, il convient tenir nostre vie de luy, comme de nostre chef.

20. Nous croyons que nous sommes faits participans de ceste iustice par la seule foy (Rom. 3; Gal. 27 et 3, 24; Jean 3, 15; Mat. 17, 20), comme il dit,8 qu’il a souffert pour nous acquerir salut, à celle fin que quiconque croira en luy ne perisse point (Jean 3, 16). Et que cela se fait, d’autant que les promesses de vie, qui nous sont donnees en luy, sont appropriees à nostre usage: et en sentons l’effect, quand nous les acceptons, ne doutans point qu’estans asseurés par la bouche de Dieu, nous ne serons point frustrés. Ainsi la iustice que nous obtenons par


1 Müller: retenant.
2 Orig: Phil. 30.
3 ? — vgl. 2. Cor. 1, 9 f.
4 Müller: alluee.
5 Müller: grace et faveur.
6 Vgl. Rom. 5, 1 f.
7 Rom. 3, 22. 26-28; Gal. 2, 16. 20.
8 Müller: comme il est dit.

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foy depend des promesses gratuites, par lesquelles Dieu nous declare et testifie qu’il nous aime (Rom. 1, 17; et 3, 24. 25. 28. 30).

21. Nous croyons que nous sommes illuminés en la foy par la grace secrete du sainct Esprit, tellement que c’est un don gratuit et particulier (Eph. 2, 8; 1. Thes. 1, 5) que Dieu depart à ceux que bon luy semble, en sorte que les fideles n’ont dequoy s’en glorifier, estans obligés au double de ce qu’ils ont esté preferés aux autres. Mesme que la foy n’est pas seulement baillee pour un coup aux esleus, pour les introduire au bon chemin: ains pour les y faire continuer aussi iusques au bout (1. Cor. 1, 8. 9). Car comme c’est à Dieu de faire le commencement, aussi c’est à luy de parachever (Phi. 2, 12. 13 et 16).

22. Nous croyons que par ceste foy nous sommes regenerés en nouveauté de vie, estant naturellement asservis à peché (Rom. 6 et 7; Col. 2, 13 et 3, 10; 1. Pie. 1, 3). Or nous recevons par foy la grace de vivre sainctement, et en la crainte de Dieu, en recevant la promesse qui nous est donnee par l’Evangile: a savoir que Dieu nous donnera son sainct Esprit. Ainsi la foy, non seulement ne refroidit l’affection de bien et sainctement vivre (Jaque 21), mais l’engendre et excite en nous, produisant necessairement les bonnes oeuvres (Gal. 5, 6. 22; Deut. 30, 6). Au reste combien que Dieu, pour accomplir nostre salut, nous regenere (Jean 3, 5), nous reformant à bien faire, toutesfois nous confessons que les bonnes oeuvres que nous faisons par la conduite de son Esprit, ne viennent point en conte pour nous iustifier (Luc. 17, 10; Pse. 6, 2), ou meriter que Dieu nous tiene pour ses enfans, que nous serons2 tousiours, flottans en doute et inquietude, si nos consciences ne s’appuyent3 sur la satisfaction par laquelle Jesus Christ nous a acquités.

23. Nous croyons que toutes4 figures de la Loy ont prins fin à la venue de Jesus Christ (Rom. 10, 4; Gal. 3 et 4; Col. 2, 17): mais combien que les ceremonies ne soyent plus en usage, neantmoins la substance et verité nous est demeurée en la personne de celuy auquel gist tout accomplissement.5 Au surplus il nous fait aider de la Loy et des Prophetes tant pour regler nostre vie que pour estre conformés aux promesses de l’Evangile (2. Tim. 3, 16; 2. Pie. 1, 19 et 36).

24. Nous croyons, puis que Jesus Christ nous est donné pour seul Advocat, et qu’il nous commande de nous retirer privement en son Nom vers son Pere, et mesme qu’il ne nous est pas licite de prier sinon en suivant la forme que Dieu nous a dictee par sa parole (Mat. 6, 9; Luc. 11, 2), que tout ce que les hommes ont imaginé de l’intercession des saincts trespassés, n’est qu’abus et fallace de Satan, pour faire desvoyer les hommes de la forme de bien prier (Act. 10, 25. 26; et 14, 14). Nous reiettons aussi tous autres moyens que les hommes presument avoir pour se racheter envers Dieu, comme derogans au sacrifice de la mort et passion de Jesus Christ. Finalement nous tenons le purgatoire pour une illusion procedee de ceste7 mesme boutique, de laquelle sont aussi procedés les voeus monastiques pelerinages defenses du mariage et de l’usage des viandes (Mat. 15, 11; Act. 10, 14. 15; Rom. 14),


1 Jaque 2, 17.
2 Müller: serions.
3 Müller: appuyoyent.
4 Müller: + les.
5 Müller: l’accomplissement.
6 3, 2.
7 Müller: d’icelle.

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l’observation ceremonieuse des iours (Gal. 4, 9), la confession auriculaire, les indulgences et toutes autres telles choses, par lesquelles on pense meriter grace et salut: lesquelles choses nous reiettons non seulement par la fausse opinion du merite qui y est attachée: mais aussi parce que ce sont inventions humaines qui imposent ioug aux consciences.

25. Or pource que nous ne iouissons de Jesus Christ que par l’Evangile (Rom. 1, 16. 17 et 101): nous croyons que l’ordre de l’Eglise, qui a esté establi en son authorité (Mat 18, 20; Ephe. 1, 22. 23) doit estre sacré et inviolable: et pourtant que l’Eglise ne peut consister, sinon qu’il y ait des pasteurs qui ayent la charge d’enseigner, lesquels on doit honorer et escouter en reverence quand ils sont deuement appelés et exercent fidelement leur office (Mat. 10, 40; Jean. 13, 20). Non pas que Dieu soit attaché à telles aides, ou moyens inferieurs: mais pource qu’il luy plaist nous entretenir sous telle bride2 (Rom. 103). En quoy nous detestons tous fantastiques qui voudroyent bien en tant qu’en eux est, aneantir le ministere de la predication4 de la parole et des5 Sacremens.

26. Nous croyons doncques, que nul ne se doit retirer à part, et se contenter de sa personne: mais tous ensemble doivent garder6 l’unité de l’Eglise (Psea. 5, 8 et 22, 23 et 42, 5), se soumettans à l’instruction commune et au ioug de Jesus Christ, et ce en quelque lieu que ce soit où7 Dieu aura estably un vray ordre d’Eglise, encores que les Magistrats et leurs edicts y soyent contraires (Acts 4, 19. 20): et que tous ceux qui ne s’y rengent ou s’en separent, contrarient à l’ordonnance de Dieu (Heb. 10, 25).

27. Toutesfois nous croyons qu’il convient discerner soigneusement et avec prudence quelle est la vraye Eglise (Jer. 7, 4. 8. 11. 12; Mat. 3, 9 et 7, 22): pource que par trop on abuse de ce titre. Nous disons donques suyvant la parole de Dieu, que c’est la compagnie des fideles, qui s’accordent à suyvre icelle parole, et la pure religion qui en depend, et qui profitent en icelle tout le temps de leur vie, croissans et se confermans en la crainte de Dieu, selon qu’ils ont besoin de s’avancer et marcher tousiours plus outre (Ephe. 2, 20; et 4, 11. 12). Mesme quoy qu’ils s’efforcent, qu’il leur convient avoir incessament recours à la remission de leurs pechez (Rom. 3): neantmoins nous ne nions point que parmi les fideles il n’y ait des hypocrites, et reprouvés, desquels la malice ne peut effacer le titre de l’Eglise (Mat. 13; 2. Tim. 2, 18. 19. 20).

28. Sous ceste creance8 nous protestons que là où la parole de Dieu n’est receue, et on ne fait nulle profession de s’assuiettir à icelle, et où il n’y a nul usage des Sacremens à parler proprement, on ne peut iuger qu’il y ait aucune Eglise (Mat. 10, 14 et 15; Jean. 10). Pourtant nous condamnons les assemblees de la Papauté, veu que la pure verité de Dieu en est bannie, esquelles les Sacremens sont corrompus, abastardis, falsifiés, ou aneantis du tout: et esquels toutes superstitions


1 Rom. 10, 17.
2 Müller: charge et bride.
3 Rom. 10, 14-17.
4 Müller: ministere et predication.
5 Müller: parole de Dieu et ses.
6 Müller: garder et entretenir.
7 ce soit où > Müller.
8 Müller: croyance.

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et idolatries ont la vogue. Nous tenons donc que tous ceux qui se meslent en tels actes, et y communiquent, se separent et retranchent du corps de Jesus Chrsit (2. Cor. 6, 14. 15. 161). Toutesfois pourcqu’il reste encore quelque petite trace d’Eglise en la Papauté, et mesme que la substance du Baptesme y est demeuree, ioint que l’efficace du Baptesme ne depend de celuy qui l’administre (Mat. 3, 11 et 28, 192; Act. 1, 5): nous confessons ceux qui y sont baptizez n’avoir besoin d’un second Baptesme. Cependant à cause des corruptions qui y sont, on n’y peut presenter les enfans sans se polluer.

29. Quant est de la vraye Eglise, nous croyons qu’elle doit estre gouvernee selon la police que nostre Seigneur Jesus Christ a establie: c’est qu’il y ait des Pasteurs, des Surveillans et Diacres (Act. 6, 3. 4. 5; Eph. 43; 1. Tim. 3), afin que la pure doctrine4 ait son cours, que les vices soyent corrigés et reprimés: et que les pauvres et tous autres affligés soyent secourus en leurs necessités et que les assemblees se facent au nom de Dieu, esquelles grans et petis soyent edifiés.

30. Nous croyons tous vrais Pasteurs en quelque lieu qu’ils soyent, avoir mesme authorité et egale puissance sous un seul chef, seul souverain et seul universel Evesque Jesus Christ (Matth. 20. 26. 27; et 18. 2. 3. 4): et pour ceste cause que nulle Eglise ne doit pretendre aucune domination ou seigneurie sur l’autre.

31. Nous croyons que nul se doit ingerer de son authorité propre pour gouverner l’Eglise (Matth. 28, 18. 19; Marc. 16, 15; Jean 15, 16): mais que cela se doit faire par election (Act. 1, 215), entant qu’il est possible, et que Dieu le permet: laquelle exception nous adioustons notamment, pource qu’il a fallu quelques fois, et mesmes de nostre temps (auquel l’estat d’Eglise estoit interrompu) que Dieu ait suscité gens d’une façon extraordinaire, pour dresser l’Eglise de nouveau, qui estoit en ruine et desolation. Mais quoy qu’il en soit, nous croyons qu’il se faut tousiours conformer à cette reigle, Que tous Pasteurs, Surveillans et Diacres ayent tesmoignage d’estre appelés à leur office (Gal. 1, 15; 1. Tim. 3, 7. 8. 9. 10. 15).

32. Nous croyons aussi qu’il est bon et utile,6 que ceux qui sont esleus pour estre superintendans,7 advisent entr’eux quel moyen ils devront tenir pour le regime de tout le corps (Act. 15, 2. 6. 7. 25. 288): et toutesfois qu’ils ne declinent nullement de ce qui nous en a esté ordonné par nostre Seigneur Jesus Christ: ce qui n’empesche point qu’il n’y ait quelques ordonnances particulieres en chacun lieu, selon que la commodité le requerra (1. Cor. 14, 40).

33. Cependant nous excluons toutes inventions humaines, et toutes loix qu’on voudroit introduire sous ombre de service de Dieu, par lesquelles on voudroit lier les consciences (Rom. 16, 17. 18; 1. Cor. 3, 11):


1 Orig. + 1. Cor. 6, 15.
2 Orig. + Mat. 1.
3 Eph. 4, 11.
4 Müller: la pureté de doctrine.
5 Act. 1, 21-26.
6 et utile > Müller.
7 Hierzu bringt Müller die Erklärung der Nationalsynode von Gap 1603: … le mot Surintendant ne se prend point pour aucune superiorité des Pasteurs les uns sur les autres, mail il se dit engénéral de tous ceux qui ont quelque charge dans l’Eglise.
8 Orig. + 1. Pier. 1, 9.

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mais seulement recevons ce qui se fait et est propre pour nourrir concorde, et tenir chacun depuis le premier iusques au dernier en obeissance: en quoy nous avons à suivre ce que nostre Seigneur Jesus a declaré quant à l’excommunication (Mat. 18, 17): laquelle nous approuvons et confessons estre necessaire avec toutes ses appartenances.

34. Nous croyons que les Sacremens sont adioustés à la parole pour plus ample confirmation (1. Cor. 10 et 11. 23. 24; Exo. 12, 3): afin de nous estre gares et marreaux de la grace de Dieu, et par ce moyen aider et soulager nostre foy, à cause de l’infirmité et rudesse qui est en nous, et qu’ils sont tellement signes exterieurs, que Dieu besongne par iceux en la vertu de son Esprit, afin de ne nous y rien signifier en vain: toutesfois nous tenons que toute leur substance et verité est en Jesus Christ (Gal. 3, 27; Ephes. 5, 26; Jean 6, 53): et si on les en separe, ce n’est plus rien qu’ombrage et fumee.

35. Nous en confessons seulement deux communs à toute l’Eglise: desquels le premier, qui est la baptesme, nous est donné pour tesmoignage d’adoption: pource que là nous sommes entés au corps de Christ (Rom. 6, 3), afin d’estre lavés et nettoyés par son sang, et puis renouvellés en saincteté de vie par son sainct Esprit (Tit. 3, 5. 6; Act. 22, 16). Nous tenons aussi, combien que nous ne soyons baptisés qu’une fois, que le profit que nous est là signifié, s’estend à la vie et à la mort (Mat. 3, 11. 12; Marc. 16, 151): afin que nous ayons une signature permanente, que Jesus Christ nous sera tousiours iustice et sanctification. Or combien que ce soit un Sacrement de foy et de penitence, neantmoins pource que Dieu reçoit en son Eglise les petis enfans avec leurs peres (Mat. 19, 14; 1. Cor. 7, 14), nous disons que par l’authorité de Jesus Christ, les petis enfans engendrés des fideles doivent estre baptisés.

36. Nous confessons que la saincte Cene (qui est le second Sacrement) nous est tesmoignage de l’unité que nous avons avec Jesus Christ (1. Cor. 10, 16. 17 et 11, 24), d’autant qu’il n’est pas seulement une fois mort et ressuscité pour nous, mais aussi nous repaist et nourrit vrayement de sa chair et de son sang, à ce que nous soyons un avec luy, et que sa vis nous soit commune (Jean 6, 56. 57 et 17, 21). Or combien qu’il soit au ciel iusques à ce qu’il viene pour iuger tout le monde (Marc. 16, 19; Act. 3, 21): toutesfois nous croyons que par la vertu secrete et incomprehensible de son Esprit, il nous nourrit et vivifie de la substance de son corps et de son sang (1. Cor. 10, 16). Nous tenons bien que cela se fait spirituellement (Jean 62), non pas pour mettre au lieu de l’effect et de la verité, imagination ne pensee: mais d’autant que ce mystere surmonte en sa hautesse la mesure de nostre sens, et tout ordre de nature. Bref, pource qu’il est celeste, il ne peut estre apprehendé que par foy.

37. Nous croyons (ainsi qu’il a esté dit) que tant en la Cene qu’au Baptesme Dieu nous donne realement et par effect ce qu’il y figure. Et pourtant nous conioignons avec les signes la vraye possession et iouissance de ce qui nous est là presenté. Et par ainsi, tous ceux qui


1 Marc. 16, 15 f.
2 Jean 6, 63.

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apportent à la table sacre de Christ une pure foy comme un vaisseau, reçoivent vrayement ce que les signes y testifient: c’est que le corps et le sang de Jesus Christ ne servent pas moins de manger et boire à l’ame, que le pain et le vin font au corps (1. Cor. 11; Jean 61).

38. Ainsi nous tenons que l’eau estant un element caduque, ne laisse pas de nous testifier en verité le lavement interieur de nostre ame au sang de Jesus Christ, par l’efficace de son Esprit (Rom. 6, 4) et que le pain et le vin nous estans donnés en la Cene, nous servent vrayement de nourriture spirituelle, d’autant qu’ils nous monstrent comme à l’oeil la chair de Jesus Christ nous estre nostre viande, et son sang nostre breuvage (Jean 6, 51; Cor. 11) et reiettons les fantastiques sacramentaires,2 qui ne veulent recevoir tels signes et marques, veu que nostre Seigneur Jesus Christ prononce, Ceci est mon corps (Mat. 26, 26): et, Ce calice est mon sang.

39. Nous croyons que Dieu veut que le monde soit gouverné par loix et polices (Exo. 18, 20. 21; Mat. 17, 24. 253), afin qu’il y ait quelques brides pour reprimer les appetis desordonnés du monde: et ainsi qu’il a estably les royaumes, republiques, et toutes autres sortes de principautez, soyent hereditaires ou autrement, et tout ce qui appartient à l’estat de iustice: et en veut estre recognu autheur (Rom. 13). A ceste cause a mis le glaive en la main des magistrats pour reprimer les pechés commis non seulement contre la seconde table des commandemens de Dieu, mais aussi contre le premiere (1. Pier. 2, 13. 14). Il faut doncques à cause de luy, que non seulement on endure que les Superieurs dominent mais aussi qu’on les honore et prise en toute reverence (1. Tim. 2, 2), les tenant pour ses lieutenants et officiers, qu’il a commis pour exercer une charge legitime et saincte.

40. Nous tenons doncques qu’il faut obeir à leurs loix et statuts, payer tributs, imposts (Mat. 17, 244), et autres devoirs, et porter le ioug de subiection d’une bonne et franche volonté, encore qu’ils fussent infideles, moyennant que l’empire souverain de Dieu demeure en son entier (Act. 4, 17. 18. 19). Par ainsi nous detestons ceux qui voudroyent reietter les superiorités, mettre communauté et confusion des biens et renverser l’ordre de iustice.

 

QUANT A LA DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE,

en voicy le premier proiect rapporté à la substance d’icelle, comme elle est contenue és escrit5 de Apostres.

1. Premierement que nulle Eglise ne pourra pretendre principauté ou domination sur l’autre.6


1 1. Cor. 11, 24 f.; Jean 6, 56.
2 Müller: fantastiques et sacramentaires.
3 Matth. 17, 24-27.
4 Matth. 17, 24-27.
5 zu lesen wohl: escrits.
6 Unter Eglise ist immer zu verstehen die unter einem Consistoire ordentlich verfaßte Kirchengemeinde; le peuple sind die Glieder einer solchen. — Die Reformierte Kiriche in Jülich-Cleve-Berg und Mark übernahm die Bezeichnung Consistorium (vgl. u. Cap. VIII der Kirchenordn. Jülich-Berg), während die pfälzischen Reformatoren statt dessen unter ausdrücklicher Berufung auf 1. Tim. 4, 14 den Namen Presbyterium in Deutschland einführten.

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2. Qu’un President en chacun colloque ou Synode sera esleu d’un commun accord pour presider au colloque ou Synode et faire ce qui y appartient: et finira ladite charge avec chacun colloque ou Synode et Concile.

3. Que les Ministres ameneront avec eux au Synode chacun un Ancien, ou Diacre de leur Eglise, ou plusieurs.

4. Qu’és Synodes generaux assemblés selon la necessité des Eglises, y aura une censure de tous ceux qui y assisteront, amiable et fraternelle: apres laquelle sera celebree la Cene de nostre Seigneur Jesus Christ.

5. Que les Ministres, et un ancien, ou Diacre pour le moins de chacune Eglise ou province s’assembleront deux fois l’annee.

6. Que les Ministres seront esleus au Consistoire par les anciens et Diacres: et seront presentés au peuple, pour lequel ils seront ordonnés: et s’il y a opposition ce sera au Consistoire de la iuger: et au cas qu’il y eust mescontentement d'une part ou d'autre que le tout sera rapporté au Concile Provincial, non pour contraindre le peuple à recevoir le Ministre esleu, mais pour sa iustification.

7. Que les ministres ne seront envoyés des autres Eglises sans letres authentiques et sans icelles, ou deue inquisition, ne seront receus.

8. Que ceux qui seront esleus signeront la confession de foy arrestee tant aux Eglises ausquelles ils auront esté esleus, que autres, ausquelles ils seront envoyés. Et sera l’Election confirmée par prieres, et par imposition des mains des Ministres, sans toutesfois aucune superstition.

9. Que les Ministres d’une Eglise ne pourront prescher en une autre sans le consentement du Ministre d’icelle, ou du Consistoire en son absence.

10. Celuy qui aura esté esleu à quelque Ministere sera sollicité, et exhorté de le prendre, et non toutesfois contraint. Les Ministres qui ne pourront exercer leur charge aux lieux ausquels ils auront esté ordonnés s’ils sont envoyés ailleurs par advis de l’Eglise, et n’y veulent aller, diront leurs causes de refus au Consistoire: et là il sera iugé si elles sont recevables: et si elles ne le sont, et qu’ils persistent à ne vouloir accepter ladite charge, en ce cas le Synode provincial en ordonnera.

11. Celuy qui se seroit ingeré, encores qu’il fust approuvé de son peuple, ne pourra estre approuvé des ministres prochains, ou autres, s’il y a quelque different sur son approbation par quelque autre Eglise: mais devant que passer outre, le plustost que faire se pourra, sera assemblé le Synode provincial pour en decider.

12. Ceux qui sont esleus une fois au ministere de la parole, doivent entendre qu’ils sont esleus pour estre ministres toute leur vie.

13. Et quant à eux qui sont envoyés pour quelque temps s’il advient que les Eglises ne peussent autrement pourvoir au troupeau, ne leur sera permis d’abandonner l’Eglise, pour laquelle Jesus Christ est mort.

14. Pour cause de trop grande persecution, on pourra faire changement d’une Eglise à autre pour un temps, du consentement et advis

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des deux Eglises: se pourra faire le semblable pour autres causes iustes rapportees et iugees au Synode provincial.

15. Ceux qui enseigneront mauvaise doctrine, et apres en avoir esté admonestés ne s’en desisteront: ceux aussi qui seront de vie scandaleuse, meritans punition du magistrat, ou excommunication, ou seront desobeissans au Consistoire, ou bien autrement insuffissans, seront deposés.

16. Quant à ceux qui par viellesse, maladie ou autre tel inconvenient seroyent rendus incapables d'administrer leur charge, l’honneur leur demeurera, et seront recommandés à leurs Eglises pour les entretenir, et fera un autre la charge.

17. Les vices scandaleux et punissables par le magistrat, revenans au grand scandale de l’Eglise, commis en quelque temps que ce soit, lors qu’on estoit en ignorance ou apres, feront deposer le ministre. Quant aux autres vices moins scandaleux, ils seront remis à la prudence et iugement du Synode provincial.

18. La deposition se fera promptement par le Consistoire, au cas de vices enormes, appelés deux ou trois pasteurs. Et en cas de plainte du tesmoignage ou de calomnie, le fait sera remis au Synode provincial.

19. Ne seront les causes de la deposition declarees au peuple, si la necessité ne le requiert, de laquelle le Consistoire iugera.

20. Les Anciens et Diacres sont le Senat de l’Eglise, auquel doyvent presider les Ministres de la parole.

21. L’office des Anciens sera de faire assembler le peuple, rapporter les scandales au Consistoire, et autres choses semblables, selon qu'en chacune Eglise il y aura une forme couchee par escrit, selon la circonstance des lieux et des temps. Et n’est l’office des Anciens comme nous en usons à present, perpetuel.

22. Quant aux Diacres, leur charge sera de visiter des pauvres, les prisonniers, et les malades, et d’aller par les maisons catechiser.

23. L’office des Diacres n’est pas de prescher la parole, ni d’administrer les Sacremens, combien qu’ils y puissent aider: et leur charge n’est perpetuelle, de laquelle toutesfois eux ne les Anciens ne se pourront departir sans le congé des Eglises.

24. En l’absence du Ministre, ou lors qu’il sera malade, ou aura quelque autre neccessité, le diacre pourra faire les prieres, et lire quelque passage de l’Escriture sans forme de predication.

25. Les Diacres et Anciens seront deposés pour les mesmes causes que les Ministres de la parole en leur qualité, et ayant esté condamnés par le consistoire, s’ils en appellent, seront suspendus iusques à ce qu'il en soit ordonné par le Synode Provincial.

26. Les Ministres ni autres de l'Eglise ne pourront faire imprimer livres composés par eux ou par autres touchant la religion, ni autrement publier, sans les communiquer à deux ou trois Ministres de la parole non suspects.

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27. Les heretiques, les contempteurs de Dieu, les rebelles contre le Consistoire, les traistres contre l’Eglise, ceux qui sont attaints et convaincus de crimes dignes de punition corporelle, et ceux qui apporteroyent un grand scandale à toute l’Eglise seront du tout excommuniés et retranchés non seulement des Sacremens, mais aussi de toute l’assemblee. Et quant aux autres vices, ce sera à la prudence de l’Eglise de cognoistre ceux qui devront estre admis à la parole, apres avoir esté privés des Sacremens,

28. Ceux qui auront esté excommuniés pour heresie, contemnement de Dieu, schisme, trahison contre l’Eglise, rebellion à icelle, et autres vices grandement scandaleux à toute l’Eglise, seront declarés pour excommuniés au peuple, avec les causes de leur excommunication.

29. Quant à ceux qui auroyent esté excommuniés pour plus legeres causes, ce sera en la prudence de l’Eglise d'adviser si elle les devra manifester au peuple ou non iusques à ce qu’autrement en soit defini par le Synode general ensuivant.

30. Ceux qui auront esté excommuniés viendront au Consistoire demandans d’estre reconciliés à l’Eglise, laquelle lors iugera de leur repentance. S’ils ont esté publiquement excommuniés, ils feront aussi penitence publique: s’ils n’ont point esté publiquement excommuniés, ils la feront seulement devant le Consistoire.

31. Ceux qui auront fait abnegation en persecution, ne seront point admis en l’Eglise, sinon en faisant penitence publique devant le peuple.

32. En temps d’aspre persecution, ou de guerre, ou de peste, ou famine, ou autre grande affliction: item quand on voudra eslire les Ministres de la parole, et quand il sera question d’entrer au Synode, on pourra denoncer prieres publiques et extraordinaires, avec ieusnes, sans toutesfois scrupule ne superstition.

33. Les mariages seront proposés au Consistoire, où sera apporté le contract du mariage passé par1 notaire public, et seront proclamés deux fois pour le moins en quinze iours: apres lequel temps se pourront faire les espousailles en l’assemblee. Et cest ordre ne sera rompu sinon pour grandes causes, desquelles le Consistoire cognoistra.

34. Tant les mariages que les baptesmes seront enregistrés et gardés soigneusement en l’Eglise, avec les noms des peres et meres et parrains des enfans baptisés.

35. Touchant les consanguinités et affinités, les fideles ne pourront contracter mariage avec personne dont grand scandale pourroit advenir, duquel l’Eglise cognoistra.

36. Les fideles qui auront leurs parties convaincues de paillardise, seront admonnestés de se reunir avec elles. S’ils ne le veulent faire, on leur declarera leur liberté, qu’ils ont par la parole de Dieu, mais les Eglises ne dissoudront point les mariages, afin de n’entreprendre sur l’authorité du Magistrat.

37. Les ieunes gens qui sont en bas aage, ne pourront contracter mariage sans le consentement de leurs peres et meres: toutesfois quant ils auront peres et meres tant desraisonnables, quils ne se voudront


1 zu lezen wohl: par le.

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accorder à une chose saincte et profitable, ce sera au Consistoire d’en adviser.

38. Les promesses de mariage legitiment faites ne pourront estre dissoutes, non pas mesmes du consentement mutuel de ceux qui les auront faites: desquelles promesses si elles sont legitiment faites, sera au Consistoire d’en cognoistre.

39. Nulle Eglise ne pourra rien faire de grande consequence, où pourroit estre compris l’interest et dommage des autres Eglises, sans l’advis du Synode Provincial, s’il est possible de l’assembler. Et si l’affaire la pressoit, elle communiquera et aura l’advis et consentement des autres Eglises de la Province, par letres pour le moins.

40. Ces articles qui sont icy contenus touchant la discipline, ne sont tellement arrestés entre nous, que si l’utilité de l'Eglise le requiert, ils ne puissent estre changés: mais il ne sera en la puissance d’un particulier de ce faire, sans l’advis et consentement du Synode general. Ainsi signé en l’original, François de Morel, esleu pour presider au Synode au nom de tous. Fait à Paris le XXVIII. de May M. D. LIX. du regne du Roy Henry, l’an XIII.